"La
Nausée" de Jean-Paul Sartre - résumé
Antoine Roquentin
est à Bouville, petit ville de province derrière laquelle lire Le Havre, pour
travailler en historien sur un personnage local. C’est son journal de l’année
1932 qui forme La Nausée, et son combat permanent contre le réel, l'angoisse
nauséabonde qui l'accable comme il observe le monde et s'interroge sur son
sens.
Après une brève
note de présentation de l’éditeur fictif, affirmant que le journal a été
retrouvé dans les papiers de Roquentin, le journal proprement dit commence par
une brève introduction où Roquentin explique ses réflexions au sujet de la
tenue d’un journal. Puis il décrit un sentiment de malaise qui l'afflige de
temps en temps, un sentiment qu'il appelle "la nausée." Il décrit sa
vie quotidienne, dans laquelle il parle à quelques personnes, a des rapports
sexuels occasionnels avec des femmes, et pense parfois à une ancienne maitresse
nommée Anny. La ville et ses habitants agissent sur lui, et il note ses
impressions. Il se rend fréquemment à la bibliothèque et y rencontre
l’Autodidacte, qui lui parle sans cesse et se fait fort d’apprendre le
dictionnaire par ordre alphabétique. Il veut échapper aux sentiments de
désespoir et d'impuissance qui l'accablent, mais il ne peut pas s’en défaire. A
défaut de trouver le salut dans ses activités extérieures, il est obligé de
regarder à l'intérieur, et il décrit la confusion de ses rapports au monde et
l’envahissement progressif de la nausée.
Une lettre reçue
d’Anny, lui demandant de la retrouver dans un hôtel, lui fait se souvenir de
bribes de leur passé commun. Il décide qu'il ira la voir, et pense à elle comme
à la vie quotidienne qu’il pourrait avoir.
Au cours d’une
conversation avec l’Autodidacte, Roquentin est soudainement frappé par la
réalité d'un couteau à dessert, il tient dans sa main la sensation de la
poignée et la lame, son apparence. Estimant qu'il comprend soudain la nausée,
que le monde existe et qu'il existe lui aussi en son sein. Il est vaincu par la
réalité nue de l'existence. Quand il examine une pierre sur le bord de mer, la
racine d'un marronnier, et d'autres objets, il est surpris par une révélation :
les choses sont l'existence pure plutôt que "l'essence" de ce qu'ils
sont. Cette découverte force Roquentin à faire face à ce qu'il considère comme
le non-sens complet et la pureté nauséabonde de l'existence. C'est ici le plein
développement des thèses existentialistes dont La Nausée est une belle
illustration romancée.
Plus tard,
Roquentin décrit ses retrouvailles avec Anny, qui est plus vieille maintenant.
Leur rencontre est maladroite, et Roquentin sent le malaise l'envahir dans la
chambre d'hôtel. Bien qu'il soit d'abord heureux de la voir, la conversation
tourne à l'accusation, et révèle les blessures du passé. Il redoute son départ
et il sait qu'il ne pourra probablement plus jamais la revoir. Le lendemain, il
la trouve à la gare, mais ils ne parlent pas, et son train part.
Il est assis dans
un café à observer l'Autodidacte à une table avec deux jeunes garçons, dont un
Corse. Il le voit faire des avances sexuelles à un des garçons, et un client et
le patron du café disent que ce n'est pas la première fois qu'ils ont vu
l'Autodidacte faire ce genre de chose. Le Corse frappe l'Autodidacte au visage,
et si Roquentin tente de lui venir en aide, l'autodidacte demande à ce qu'on le
laisse seul.
Roquentin
découvre finalement un moyen de sortir de la vacuité qui le consume. Il a
décidé de quitter Bouville et de revenir à Paris, et, assis dans un café, il
est envahi par la mélodie sublime d'un enregistrement de jazz. L'Art,
peut-être, serait le moyen de transcender la situation nauséabonde du néant de
l'homme face à l'existence pure. Comme Sartre le souligne à maintes reprises,
la condition humaine est conditionnée par la liberté : nous sommes notre propre
machine. Grâce à l'exercice de la liberté créative que l'homme est condamné à
faire, Roquentin a peut-être trouvé un remède à sa nausée.
La Nausée, roman
philosophique et partiellement autobiographique a été publié en 1938 par
Gallimard.
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