domingo, 18 de octubre de 2015


 La mauvaise foi dans L’Etre et le Néant

Cette incohérence entre facticité et liberté se manifeste par la mauvaise foi. Le Pour-soi étant une tâche, il forme des projets. Parmi les différents types de projets, la mauvaise foi est importante pour saisir l’être humain. L’analyse de Sartre du projet de la mauvaise foi est fondée sur des exemples frappants : la gestuelle machiniste du garçon de café. En se comportant ainsi, le serveur s’identifie totalement avec son rôle de garçon de café, sous le mode des êtres en soi. En d’autres termes, le garçon de café rejette sa nature de Pour-soi libre pour glisser vers la facticité. Il cherche ainsi à se décharger de sa liberté, c’est à dire de l’obligation de décider pour lui-même. Cependant, la conscience est transparente à elle-même, elle ne peut ignorer cette ruse : la mauvaise foi est une auto-illusion. Le concept Sartre fournit ainsi une alternative aux théories psychanalytiques qui font de la conscience une émanation de l’inconscient. Sartre détaille d’ailleurs dans l’Etre et le Néant sa théorie de la psychanalyse existentielle.

 Le projet fondamental dans L’Etre et le Néant

Sartre décrit le projet fondamental du Pour-soi comme désir d’être. Ce désir est universel, et peut prendre l’une des trois formes suivantes :

– transformation directe du pour-soi dans un en-soi

– le pour-soi cherche à devenir sa propre fondation (devenir Dieu).

– le pour-soi vise un autre mode d’être, le pour-soi.

Aucun des objectifs décrits ne sont réalisables. Toutes les existences humaines sont dominées par un tel désir. En témoignent ses descriptions des projets amoureux, sadiques et masochistes. La nature métaphysique de l’homme est de devenir un en-soi-pour-soi, Dieu en quelque sorte.

 Le Désir dans l’Etre et le Néant

Le désir est désir non seulement d’avoir mais surtout d’être. Ainsi de l’amour : l’amant cherche à posséder l’être aimé et donc l’intégrer dans son être: c’est la satisfaction du désir. Mais il souhaite en même temps que l’aimé demeure au-delà de son être comme l’autre qu’il désire, c’est à dire qu’il souhaite rester dans l’état de désirer. Le désir est contradictoire car l’être du désir est donc incompatible avec sa satisfaction.

La question des autres

Le sujet n’est pas solipsiste, il est confronté à d’autres sujets : nous ne prenons conscience de nous-mêmes que lorsque nous sommes confrontés avec le regard d’autrui (l’expérience de la honte). Le regard de l’autre objective, nous fixe telle une photographie dans une fonction déterminée : autrui nous confère un dehors, une nature. Ainsi, le regard des autres nous prive de notre liberté pour nous faire tomber dans l’en-soi. Autrui est l’agent de ma chute ontologique.

 L’authenticité :

Si Sartre pointent les relations humaines comme impossibles, vouées dans l’échec, il reste qu’il assigne une tâche possible à l’homme : s’assumer pleinement comme pour-soi. L’authenticité consiste à choisir le monde, se choisir sans se réfugier dans le confort de l’être, sans succomber aux sirènes de la mauvaise foi.

L’homme est certes “une passion inutile“, mais sa tâche est de se rendre digne de sa condition. Cette leçon (mieux : cette intuition), qui est au fond celle de tout existentialisme sérieux, traverse l’oeuvre de Jean-Paul Sartre et trouvera son expression dans son théâtre, sa littérature et sa philosophie.

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ETRE ET NEANT

Jean-Paul Sartre : L’Etre et le Néant


Dans cet essai d’ontologie phénoménologique, Sartre produit l’ontologie majeure du XXème siècle, la plus lue et commentée dans le monde à ce jour.

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