La mauvaise foi dans L’Etre et le Néant
Cette incohérence
entre facticité et liberté se manifeste par la mauvaise foi. Le Pour-soi étant
une tâche, il forme des projets. Parmi les différents types de projets, la
mauvaise foi est importante pour saisir l’être humain. L’analyse de Sartre du
projet de la mauvaise foi est fondée sur des exemples frappants : la gestuelle
machiniste du garçon de café. En se comportant ainsi, le serveur s’identifie
totalement avec son rôle de garçon de café, sous le mode des êtres en soi. En
d’autres termes, le garçon de café rejette sa nature de Pour-soi libre pour
glisser vers la facticité. Il cherche ainsi à se décharger de sa liberté, c’est
à dire de l’obligation de décider pour lui-même. Cependant, la conscience est
transparente à elle-même, elle ne peut ignorer cette ruse : la mauvaise foi est
une auto-illusion. Le concept Sartre fournit ainsi une alternative aux théories
psychanalytiques qui font de la conscience une émanation de l’inconscient.
Sartre détaille d’ailleurs dans l’Etre et le Néant sa théorie de la
psychanalyse existentielle.
Le projet fondamental dans L’Etre et le Néant
Sartre décrit le
projet fondamental du Pour-soi comme désir d’être. Ce désir est universel, et
peut prendre l’une des trois formes suivantes :
– transformation
directe du pour-soi dans un en-soi
– le pour-soi
cherche à devenir sa propre fondation (devenir Dieu).
– le pour-soi
vise un autre mode d’être, le pour-soi.
Aucun des
objectifs décrits ne sont réalisables. Toutes les existences humaines sont
dominées par un tel désir. En témoignent ses descriptions des projets amoureux,
sadiques et masochistes. La nature métaphysique de l’homme est de devenir un
en-soi-pour-soi, Dieu en quelque sorte.
Le Désir dans l’Etre et le Néant
Le désir est
désir non seulement d’avoir mais surtout d’être. Ainsi de l’amour : l’amant
cherche à posséder l’être aimé et donc l’intégrer dans son être: c’est la
satisfaction du désir. Mais il souhaite en même temps que l’aimé demeure
au-delà de son être comme l’autre qu’il désire, c’est à dire qu’il souhaite
rester dans l’état de désirer. Le désir est contradictoire car l’être du désir
est donc incompatible avec sa satisfaction.
La question des
autres
Le sujet n’est
pas solipsiste, il est confronté à d’autres sujets : nous ne prenons conscience
de nous-mêmes que lorsque nous sommes confrontés avec le regard d’autrui
(l’expérience de la honte). Le regard de l’autre objective, nous fixe telle une
photographie dans une fonction déterminée : autrui nous confère un dehors, une
nature. Ainsi, le regard des autres nous prive de notre liberté pour nous faire
tomber dans l’en-soi. Autrui est l’agent de ma chute ontologique.
L’authenticité :
Si Sartre
pointent les relations humaines comme impossibles, vouées dans l’échec, il
reste qu’il assigne une tâche possible à l’homme : s’assumer pleinement comme
pour-soi. L’authenticité consiste à choisir le monde, se choisir sans se
réfugier dans le confort de l’être, sans succomber aux sirènes de la mauvaise
foi.
L’homme est
certes “une passion inutile“, mais sa tâche est de se rendre digne de sa
condition. Cette leçon (mieux : cette intuition), qui est au fond celle de tout
existentialisme sérieux, traverse l’oeuvre de Jean-Paul Sartre et trouvera son
expression dans son théâtre, sa littérature et sa philosophie.
Les livres de
notre partenaire
ETRE ET NEANT
Jean-Paul Sartre
: L’Etre et le Néant
Dans cet essai
d’ontologie phénoménologique, Sartre produit l’ontologie majeure du XXème
siècle, la plus lue et commentée dans le monde à ce jour.
No hay comentarios:
Publicar un comentario