lunes, 19 de octubre de 2015


Analyse
Les phénomènes dans L’Etre et le Néant

Dans l’introduction, Sartre détaille les raisons de son rejet du concept kantien de noumène. Kant distingue les phénomènes, objets d’expérience sensible, des noumènes, autrement dit les choses en elles-mêmes, dont la connaissance nous échappe. Contre Kant, Sartre affirme que l’apparition d’un phénomène est pure et absolue. Le noumène n’est pas inaccessible, il n’est tout simplement pas là. L’apparence est la seule réalité. De ce point de départ, Sartre soutient que le monde peut être vu comme une série infinie d’apparences finies. Une telle perspective permet d’éliminer les dualismes classiques de la philosophie, notamment la dualité intérieur/extérieur.

La conscience est ce qui permet au monde d’exister. Sans elle, il n’y aurait pas d’objets, pas d’arbres, pas de rochers: seulement l’être. La Conscience est toujours intentionnelle, elle est conscience de quelque chose. La conscience vise le monde et le fait advenir en tant que monde pour une conscience. La “loi d’être du pour-soi est sa présence au monde” (citations de Sartre). La conscience est ainsi injustifiable, contingente, et factice.

 Le pour-soi et l’en-soi dans L’Etre et le Néant

Sartre décrit ensuite la distinction hégélienne qui structure son ontologie : celle entre l’être inconscient (en-soi) et l’être conscient (pour-soi). L’en-soi est figé, plein et n’a pas la capacité de changer, et n’est pas conscient de lui-même. Le Pour-soi est conscient de sa propre conscience, mais il est également incomplet, ouvert, en construction. Pour Sartre, cette indéfinition, cette incomplétude est ce qui définit l’homme. Puisque le pour-soi n’a pas d’essence prédéterminée, il est forcé de se créer à partir du néant. Pour Sartre, le néant est la caractéristique qui définit le pour-soi. Un arbre est un arbre et n’a pas la capacité de modifier ou de créer son être. L’homme, au contraire, se fait lui-même en agissant dans le monde. Au lieu d’être simplement comme l’arbre, l’homme existe. Exister signifie n’être pas. Sartre va même plus loin en affirmant que “l’homme est ce qu’il n’est pas et n’est pas ce qu’il est”. En effet, l’homme est doté d’une conscience qui lui permet de se regarder, il est une conscience de conscience : ainsi, le timide qui prend conscience de sa timidité ne sera plus un timide naïf, mais un timide conscient, donc différent.

Si l’homme se choisit, c’est pour donner un sens à ses actions : l’individu se projette lui-même en attribuant un sens à son action, à partir de ses caractéristiques concrètes (comme sa nature physique) pour mieux les nier.

Le paradoxe ici est grand. Le pour-soi désire devenir un être-en-soi, faire de sa subjectivité un objet. Le pour-soi est la conscience, mais l’instance de cette conscience fait de son être propre une question, une fissure irréconciliable entre l’en-soi et le pour-soi. Le rêve du pour-soi est d’être en-soi.

Grâce à la prise de conscience de ce qu’elle n’est pas, le pour-soi devient ce qu’elle est: un néant, entièrement libre dans le monde, une toile vierge sur laquelle tout est à créer. Il conclut que le pour-soi est l’être à travers lequel le néant arrive au monde, et, par conséquent, que le pour-soi est un manque, déchiré entre son unité et sa dualité.

La temporalisation du Pour-soi :

Le Pour-soi comme manque, et donc comme tâche, se révèle dans la temporalité. En effet, le pour-soi n’est pas identique à son passé ni son avenir. Il n’est déjà plus ce qu’il était, et il n’est pas encore ce qu’il sera : grâce au temps, l’homme ne coïncide jamais avec lui-même. Sartre décrit les extases temporelles (passé/présent/futur) :

– le passé correspond à la facticité d’une vie humaine qui ne peut pas choisir ce qui est déjà passé. Le passé est ce que j’ai à être, mais en même temps, je ne le suis pas car je l’ai dépassé. Le passé est toujours reprise et dépassement.

– le présent n’existe pas réellement car il est une fuite vers le futur. L’exemple de la cigarette est parlant : je veux fumer une cigarette, je suis projet, au futur, de l’allumer.

– Le futur, lui, ouvre des possibilités pour la liberté du pour-soi. Mais la liberté et la facticité forment une incohérence au sein du Pour-soi, génératrice d’instabilité. Sartre reprend la conception heideggérienne : l’homme est un “être des lointains”, il n’est pas, il se possibilise. C’est donc le futur qui constitue la temporalité majeure du Pour-Soi.

Autrui et le Pour-Soi :

Autrui apparaît à Sartre comme le médiateur entre moi et moi-même. Je suis comme autrui me voit. Le Pour-Soi renvoie de cette façon au Pour-Autrui. On ne constitue pas autrui, on le rencontre : je ne puis ne absorber autrui en moi, ni le constituer en pur objet car c’est lui qui me fige en en-soi. Autrui prouve que j’ai mon fondement hors de moi, il me confère un dehors, une nature : “Ma chute originelle, c’est l’existence d’autrui”. Ma défense, ma réaction sera de tenter de faire d’autrui un objet à son tour.

Le corps dans l’Etre et le Néant :


Sartre cherche à repenser la relation corps/esprit telle qu’elle a été développé depuis Descartes. Ainsi, il affirme que le corps n’est pas uni à la conscience, il est “tout entier psychique”. Le corps est par conséquent plus q’une simple composante du Pour-Soi, il est un Pour-soi à part entière, et non un En-Soi dans le Pour-Soi. Il n’y a pas identification entre le corps et la conscience, mais plutôt une relation existentielle entre le corps et la conscience : “la conscience existe son corps”.

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