Critique
littéraire
Baudelaire (1947)
Résumé
De Baudelaire,
Sartre affirme qu'il n'a eu que la vie qu'il méritait. Le carcan familial, la
perpétuelle gêne financière et jusqu'à la maladie mélancolique qui l'a entraîné
vers la mort, tout cela Baudelaire l'a voulu, cherché. Car « l'attitude
originelle de Baudelaire est celle d'un homme penché ». Il accepte sans
rébellion la morale qui le condamne (Sartre parle du procès des Fleurs du Mal)
et recherche même cette condamnation. Car Baudelaire a besoin de juges pour
institutionnaliser sa « singularité ». « C'est au sein du monde établi que
Baudelaire affirme sa singularité… Le révolté a soin de maintenir intact les
abus dont il souffre pour pouvoir se révolter contre eux ».
Polémique
Les
interprétations auxquelles se livrent Sartre dans cet ouvrage sont très
discutables. On pourrait résumer ainsi sa thèse : Baudelaire a raté sa vie, il
n'a pas fait le choix d'user de sa liberté et de fonder ses propres valeurs. Le
premier reproche qu'on pourrait adresser au Baudelaire de Sartre vise la
légitimité du propos : de quel droit Sartre s'autorise-t-il à juger ainsi la
vie de Baudelaire ? Le second reproche viserait la forme de l'ouvrage : Sartre
parle de l'homme Baudelaire et non du poète. Les références aux poèmes sont
toujours orientées par le parti pris global de l'essai, aucune place n'est
vraiment faite à l'œuvre. À chaque page, Sartre répète que Baudelaire n'a pas
eu le courage de renverser toutes les valeurs dont il pressent l'inanité. Nulle
compassion de la part du philosophe, mais une intransigeance froide. Cela
laisse penser que, pour Sartre, toute compassion du lecteur pour Baudelaire
relèverait de la lâcheté et devrait susciter en lui la révolte qu'exige la
liberté.
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