sábado, 31 de octubre de 2015

Feliz centenario, monsieur Sartre

Juan Carlos Pérez Salazar
BBC Mundo -2005

A cien años de su nacimiento y 25 de su muerte, Jean Paul Sartre está reviviendo.

Sartre rechazó en 1964 el Nobel de Literatura por considerarlo un "premio burgués".
Luego de un período de dos décadas en el que cayó en una oscuridad relativa, cuando sus ideas sonaban caducas y sus famosas discusiones con Albert Camus parecían definitivamente ganadas por el escritor nacido en Argelia, el patito feo parisino sale de entre las telarañas con renovado vigor.
En Francia, este es el año Sartre. Los medios de comunicación informan que "La Náusea" -su novela de 1938 en la que encarnó parte de sus ideas filosóficas sobre el existencialismo- es tan popular este año en el país galo como El Quijote en España.

La Biblioteca Nacional tiene una exhibición magnífica, en la que se pueden apreciar todos sus manuscritos, la música que apreciaba, sus fotos personales, sus guiones y sus amores.
También se están recuperando algunos textos olvidados y se realizarán quince simposios internacionales para analizar su obra y su legado.
Uno de ellos, el próximo mes de agosto, se concentrará en el Sartre omnívoro, el intelectual que podía pasar con pasmosa facilidad de la filosofía a la novela, al teatro, el ensayo y el activismo político.
Sartre incómodo
El legado de Sartre, sin embargo, es problemático para Francia.
Su defensa del estalinismo a principios de los 50 -aunque rompió con Moscú luego de la invasión a Hungría en 1956-, así como la justificación de la matanza de atletas israelíes en los Olímpicos de Munich 72, aún son recordados con incomodidad.
Y en un país donde la filosofía ha tomado por los delicados y abstractos rumbos del estructuralismo y el postmodernismo, su figura de intelectual comprometido y crítico acervo de la burguesía tampoco es cómoda.
De hecho, algunos denuncian que su obra ha empezado a desaparecer del currículo de universidades y colegios.

El eterno cigarrillo de Sartre fue borrado de la foto para promocionar una muestra.
"Francia lo odiaba cuando estaba vivo y lo desprecia en muerte. Se le trata como un pornógrafo", asegura el filósofo Bernhard-Henri Levy, autor de "Sartre: filósofo del siglo XX".
Incluso es incómodo en cuestiones cotidianas en un mundo que oscila entre el puritanismo y el hedonismo: para el afiche promocional de la exposición de la Biblioteca Nacional se borró el cigarrillo que Sartre -fumador empedernido- siempre llevaba en sus manos.
El olvido también puede ser un signo de los tiempos. La gran obra de Sartre, "El Ser y la Nada", en la que expuso de manera teórica sus tesis sobre el existencialismo, tiene sus raíces fuertemente hundidas en la catástrofe que significó para Europa la Segunda Guerra Mundial. De hecho, fue concebida en gran parte en un campo de prisioneros alemán.
La obra, en la que se hace énfasis sobre el peso de la libertad individual (la existencia no tiene sentido intrínseco, no podemos escapar de nuestra situación pero somos libres de cambiarla con acciones concretas), no puede ser concebida sin la brutal pérdida de las ilusiones y el horror dejado por la mencionada guerra.
La Europa de ahora es muy distinta a la de entonces
Sartre hoy
En su vida, Sartre trató de ser el reflejo de lo que pensaba. Defendió sus ideas con pasión y en ocasiones con crueldad. Desde las páginas de Les temps modernes atacó con saña a Camus porque no estaba de acuerdo con la literatura comprometida y descreía del comunismo estalinista y la revolución.
¿Tiene algo que decirle Sartre a la Francia de hoy, al mundo de hoy? Annie Cohen-Solal, autora de una elogiada biografía de Sartre, cree que sí. "Sartre puede ser usado para decodificar la enfermedad que vive Francia ahora", asegura. "Él puede jugar un papel en revelar la crisis de identidad".


Una imagen perdurable de Sartre: el hombre que frecuentaba los cafés y que tenía una relación abierta con Simone de Beauvoir.
Los síntomas de esa enfermedad son la búsqueda de un lugar en el mundo moderno, la crisis en la que entró la Unión Europea con el resonante No francés a su constitución y la defensa de lo galo en una cultura global a la que ven dominada por los valores anglosajones y el idioma inglés.
Para el que desee buscar respuestas, su obra está siendo prolijamente reeditada. Y funciona. El "Ser y la Nada" sigue siendo uno de los monumentos filosóficos del Siglo XX.
"La Náusea", "Las Palabras" (su magnífica autobiografía) y algunas obras de teatro como "A puerta cerrada", -donde aparece su famosa frase "el infierno son los demás"-, aún se dejan leer con placer.
También está, para los turistas intelectuales, el Sartre de las postales, el que escribía en los cafés de la ribera izquierda del Sena y el que tenía una relación abierta con Simone de Beauvoir.
Jean-Paul Charles Aymard Sartre nació el 21 de junio de 1905 y murió el 15 de abril de 1980.
Y por si queda alguna duda: Albert Camus era el que tenía la razón.

viernes, 30 de octubre de 2015


Sartre, el hombre y las cosas.


Felicidad no es hacer lo que uno quiere sino querer lo que uno hace. Sartre.

jueves, 29 de octubre de 2015


Romans et nouvelles
La Nausée (1938)
Le Mur (1939)
Les Chemins de la liberté (1945)
L'Âge de raison
Le Sursis (en)
 La Mort dans l'âme












Autobiographie, mémoires, entretiens et correspondance
Les Mots (1964)
Carnets de la drôle de guerre - Septembre 1939-mars 1940 (1983-1995)
Lettres au Castor et à quelques autres, tome I et II (1983)
L'Espoir maintenant, les entretiens de 1980 (avec Benny Lévy) (1980)
La Reine Albemarle, ou le Dernier touriste (1991)

La nausée




En 1938  Jean Paul Sartre publie La Nausée, roman qui est favorise par la critique.

  
Citation
"L'utilitarisme était la philosophie de l'épargne: il perd tout sens quand l'épargne est compromise par l'inflation et les menaces de banqueroute."


Jean-Paul Sartre - 1905-1980 - Situations II - 1948

miércoles, 28 de octubre de 2015

"La Nausée" de Jean-Paul Sartre - résumé


Antoine Roquentin est à Bouville, petit ville de province derrière laquelle lire Le Havre, pour travailler en historien sur un personnage local. C’est son journal de l’année 1932 qui forme La Nausée, et son combat permanent contre le réel, l'angoisse nauséabonde qui l'accable comme il observe le monde et s'interroge sur son sens.

Après une brève note de présentation de l’éditeur fictif, affirmant que le journal a été retrouvé dans les papiers de Roquentin, le journal proprement dit commence par une brève introduction où Roquentin explique ses réflexions au sujet de la tenue d’un journal. Puis il décrit un sentiment de malaise qui l'afflige de temps en temps, un sentiment qu'il appelle "la nausée." Il décrit sa vie quotidienne, dans laquelle il parle à quelques personnes, a des rapports sexuels occasionnels avec des femmes, et pense parfois à une ancienne maitresse nommée Anny. La ville et ses habitants agissent sur lui, et il note ses impressions. Il se rend fréquemment à la bibliothèque et y rencontre l’Autodidacte, qui lui parle sans cesse et se fait fort d’apprendre le dictionnaire par ordre alphabétique. Il veut échapper aux sentiments de désespoir et d'impuissance qui l'accablent, mais il ne peut pas s’en défaire. A défaut de trouver le salut dans ses activités extérieures, il est obligé de regarder à l'intérieur, et il décrit la confusion de ses rapports au monde et l’envahissement progressif de la nausée.

Une lettre reçue d’Anny, lui demandant de la retrouver dans un hôtel, lui fait se souvenir de bribes de leur passé commun. Il décide qu'il ira la voir, et pense à elle comme à la vie quotidienne qu’il pourrait avoir.

Au cours d’une conversation avec l’Autodidacte, Roquentin est soudainement frappé par la réalité d'un couteau à dessert, il tient dans sa main la sensation de la poignée et la lame, son apparence. Estimant qu'il comprend soudain la nausée, que le monde existe et qu'il existe lui aussi en son sein. Il est vaincu par la réalité nue de l'existence. Quand il examine une pierre sur le bord de mer, la racine d'un marronnier, et d'autres objets, il est surpris par une révélation : les choses sont l'existence pure plutôt que "l'essence" de ce qu'ils sont. Cette découverte force Roquentin à faire face à ce qu'il considère comme le non-sens complet et la pureté nauséabonde de l'existence. C'est ici le plein développement des thèses existentialistes dont La Nausée est une belle illustration romancée.

Plus tard, Roquentin décrit ses retrouvailles avec Anny, qui est plus vieille maintenant. Leur rencontre est maladroite, et Roquentin sent le malaise l'envahir dans la chambre d'hôtel. Bien qu'il soit d'abord heureux de la voir, la conversation tourne à l'accusation, et révèle les blessures du passé. Il redoute son départ et il sait qu'il ne pourra probablement plus jamais la revoir. Le lendemain, il la trouve à la gare, mais ils ne parlent pas, et son train part.

Il est assis dans un café à observer l'Autodidacte à une table avec deux jeunes garçons, dont un Corse. Il le voit faire des avances sexuelles à un des garçons, et un client et le patron du café disent que ce n'est pas la première fois qu'ils ont vu l'Autodidacte faire ce genre de chose. Le Corse frappe l'Autodidacte au visage, et si Roquentin tente de lui venir en aide, l'autodidacte demande à ce qu'on le laisse seul.

Roquentin découvre finalement un moyen de sortir de la vacuité qui le consume. Il a décidé de quitter Bouville et de revenir à Paris, et, assis dans un café, il est envahi par la mélodie sublime d'un enregistrement de jazz. L'Art, peut-être, serait le moyen de transcender la situation nauséabonde du néant de l'homme face à l'existence pure. Comme Sartre le souligne à maintes reprises, la condition humaine est conditionnée par la liberté : nous sommes notre propre machine. Grâce à l'exercice de la liberté créative que l'homme est condamné à faire, Roquentin a peut-être trouvé un remède à sa nausée.


La Nausée, roman philosophique et partiellement autobiographique a été publié en 1938 par Gallimard.

martes, 27 de octubre de 2015

La Nausée de Sartre – Lecture par Daniel Mesguich


Un hombre no es otra cosa que lo que hace de sí mismo. Sartre.


lunes, 26 de octubre de 2015

Analyse.
La nausée comme sentiment ontologique :
La Nausée est le premier roman de Jean-Paul Sartre, publié en 1938. La Nausée prend la forme d’un roman philosophique et existentialiste dans lequel Sartre nous raconte l’expérience ontologique du jeune Roquentin. e personnage arrive à Bouville pour étudier l’histoire d’un émigré, grâce aux archives de la bibliothèque de la ville. Il se décourage vite, l’ennui le gagne : “Je n’écris plus le livre. C’est fini, je ne peux plus écrire. Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Rien. Exister.” Ce livre et ce personnage historique permettait à Roquentin de ne pas sentir son être, d’oublier son existence.

Ce projet de roman abandonné, Roquentin se retrouve face à lui-même, vide. Il  éprouve alors le sentiment de sa contingence, il comprend que son existence est injustifiée, sans raison :”Jamais, avant ces derniers jours, je n’avais pressenti ce que voulait dire ‘exister’.” Cette prise de conscience s’accompagne d’un sentiment de malaise, une gêne ontologique : la NAUSEE.

Cette expérience devient obsédante pour Roquentin, l’existence le prend à la gorge. Un jardin public, un café renvoie à la contingence : “Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même“

Face à Roquentin, seul et contingent, il y a les Salauds, les bourgeois, ceux qui croient exister de manière justifiée, exister parce que c’est leur droit. Ces gens-là sont leurs habits, leur statut social. Roquentin, lui, s’assume homme, c’est-à-dire rien.

L’existence est toujours “de trop”, ni moi-même ni l’arbre dans le jardin public n’avons de place. Aucune échappatoire. La Nausée désigne ce sentiment d’exister à la manière des choses, de se vivre comme n’importe quel objet du monde, de se vivre comme racine de marronnier ou banquette ou cendrier. Exister à la manière des choses revient à ne plus exister en tant que conscience.

Ainsi, la Nausée est le risque permanent de la conscience chez Sartre, un pétrin dans lequel elle peut se laisser prendre. Pour autant, la Nausée est un point de départ, un sentiment qui peut être dépassé.

Sartre  et le dépassement de la Nausée :
A fin du roman, Roquentin parle d’un nouveau projet de livre. Ce projet revient pour le personnage à dire non, à refuser la chosification, à se poser comme une liberté inconditionnée, à ouvrir les possibles. Ce projet lui permet de s’affirmer comme néant, c’est-à-dire comme être doué de liberté. Ce thème sera d’ailleurs au coeur de l’essai l’Etre et le Néant.

Roquentin sait qu’il sera toujours de trop, mais il l’assumera en se projetant dans l’avenir.


Roquentin se sent exister à nouveau en tant que conscience en écoutant un morceau de musique, une construction humaine qui résiste à l’absurdité du monde des choses.

sábado, 24 de octubre de 2015

Les Mots


Les Mots est le titre d'une autobiographie écrite par Jean-Paul Sartre et publiée en 1964 chez Gallimard. Dans Les Mots, Jean-Paul Sartre raconte son enfance (entre 4 et 11 ans) et découpe le récit en deux parties à peu près équivalentes intitulées « Lire » et « Écrire ».

Né en 1905 et décédé en 1980, Jean-Paul Sartre est un philosophe et un écrivain français. Il est l’un des représentants du courant existentialiste. Il a écrit des essais et des textes philosophiques majeurs comme L'Être et le Néant (1943), L'existentialisme est un humanisme (1946) ou Critique de la raison dialectique (1960). Parmi ses textes littéraires, La Nausée (1938), Le Mur (1939), Les Mouches (1943) et Huis clos (1944), par exemple, comptent également parmi les oeuvres phares du XXe siècle. Le prix Nobel de littérature lui est accordé en 1964, mais il le refuse, ayant pour principe de rejeter les honneurs et estimant qu’« aucun homme ne mérite d’être consacré de son vivant ». Jean-Paul Sartre est, avec Camus, un symbole de l’intellectuel engagé.


Dans Les Mots, Sartre n’évoque pas son enfance avec nostalgie et ne fait pas l’éloge de belles années perdues. Les Mots n’est donc pas une autobiographie conventionnelle comme on a l’habitude d’en rencontrer. L’auteur cherche plutôt à enterrer son enfance, et surtout, à s’en prendre à l’écrivain qui germe en lui.

viernes, 23 de octubre de 2015

Denis Podalydès lit "Les mots" de Jean-Paul Sartre




«La mort de Jean-Baptiste fut la grande affaire de ma vie : elle rendit ma mère à ses chaînes et me donna la liberté»

Le pdf de "les mots"

jueves, 22 de octubre de 2015

Critiques

« Entreprise de démystification» , Les Mots est un texte virtuose, qui joue des figures de rhétorique et des ruptures de ton dans un mouvement de perpétuelle exhibition du « style » . Le narrateur adulte prête à l’enfant personnage des pensées et des comportements où se mêlent vraisemblance –sinon sincérité- et reconstruction romanesque».

Le Robert des Grands Ecrivains de langue française



«Gai autant que sombre, ce livre est un torrent en crue dont lien ne réchappe : ni Sartre lui-même, bien sûr, ni la bourgeoisie, qu'elle soit citadine ou rurale, ni son grand-père Schweitzer. Les Mots sont d'abord le combat de Sartre contre son image - plus précisément contre sa double image : intérieure et publique, l'image de soi devant soi et l'image de soi dans le monde. Ce travail de destruction de sa propre image témoigne d'un paradoxe qui concourt à la force des Mots : si le livre multiplie les fausses pistes, il est pourtant d'une absolue sincérité».


Robert Redecker - Marianne - Juin 2005

miércoles, 21 de octubre de 2015

Philosophie
L'Imagination (1936)
La Transcendance de l'Ego (1936)
Esquisse d'une théorie des émotions (1938)
L'Imaginaire (1940)
L'Être et le Néant « essai d'ontologie phénoménologique » (1943)
L'existentialisme est un humanisme (1945)
Questions de méthode (1957)
Critique de la raison dialectique I : Théorie des ensembles pratiques (1960)
Ouvrages philosophiques posthumes
Cahiers pour une morale (1983)
Critique de la raison dialectique II : L'intelligibilité de l'histoire (1985)

Vérité et Existence (1989)

martes, 20 de octubre de 2015

L’Etre et le Néant

L’Etre et le Néant




L’Etre et le Néant : un simple essai de phénoménologie ?
L’Etre et le Néant est l’ouvrage majeur de Jean-Paul Sartre et peut être considéré comme l’œuvre la plus complète de la philosophie existentialiste. Publié en 1943 (sous l’Occupation), Sartre le présente comme un essai phénoménologique sur la conscience. Mais il s’agit en réalité bien plus qu’un simple traité phénoménologique : Sartre y réinvente l’ontologie et la métaphysique, en partant des acquis de la phénoménologie de Husserl et de la philosophie de Heidegger, telle que développée dans Etre et Temps.

Résumer l’Etre et le Néant est un défi pour tout commentaire car l’ouvrage, indigeste, court sur plus de 700 pages : il doit donc s’étudier plus que se lire, tant la complexité de la pensée de Sartre et la nouveauté de ses idées est frappante.

Nous livrons ci-dessous une analyse des thèmes majeurs de l’Etre et le Néant, depuis la conception sartrienne des phénomènes, de la conscience, de l’intersubjectivité en passant par la mauvaise foi.


A noter : Jean-Paul Sartre vulgarisera ces thèses majeures dans sa Conférence l’existentialisme est un humanisme.

lunes, 19 de octubre de 2015


Analyse
Les phénomènes dans L’Etre et le Néant

Dans l’introduction, Sartre détaille les raisons de son rejet du concept kantien de noumène. Kant distingue les phénomènes, objets d’expérience sensible, des noumènes, autrement dit les choses en elles-mêmes, dont la connaissance nous échappe. Contre Kant, Sartre affirme que l’apparition d’un phénomène est pure et absolue. Le noumène n’est pas inaccessible, il n’est tout simplement pas là. L’apparence est la seule réalité. De ce point de départ, Sartre soutient que le monde peut être vu comme une série infinie d’apparences finies. Une telle perspective permet d’éliminer les dualismes classiques de la philosophie, notamment la dualité intérieur/extérieur.

La conscience est ce qui permet au monde d’exister. Sans elle, il n’y aurait pas d’objets, pas d’arbres, pas de rochers: seulement l’être. La Conscience est toujours intentionnelle, elle est conscience de quelque chose. La conscience vise le monde et le fait advenir en tant que monde pour une conscience. La “loi d’être du pour-soi est sa présence au monde” (citations de Sartre). La conscience est ainsi injustifiable, contingente, et factice.

 Le pour-soi et l’en-soi dans L’Etre et le Néant

Sartre décrit ensuite la distinction hégélienne qui structure son ontologie : celle entre l’être inconscient (en-soi) et l’être conscient (pour-soi). L’en-soi est figé, plein et n’a pas la capacité de changer, et n’est pas conscient de lui-même. Le Pour-soi est conscient de sa propre conscience, mais il est également incomplet, ouvert, en construction. Pour Sartre, cette indéfinition, cette incomplétude est ce qui définit l’homme. Puisque le pour-soi n’a pas d’essence prédéterminée, il est forcé de se créer à partir du néant. Pour Sartre, le néant est la caractéristique qui définit le pour-soi. Un arbre est un arbre et n’a pas la capacité de modifier ou de créer son être. L’homme, au contraire, se fait lui-même en agissant dans le monde. Au lieu d’être simplement comme l’arbre, l’homme existe. Exister signifie n’être pas. Sartre va même plus loin en affirmant que “l’homme est ce qu’il n’est pas et n’est pas ce qu’il est”. En effet, l’homme est doté d’une conscience qui lui permet de se regarder, il est une conscience de conscience : ainsi, le timide qui prend conscience de sa timidité ne sera plus un timide naïf, mais un timide conscient, donc différent.

Si l’homme se choisit, c’est pour donner un sens à ses actions : l’individu se projette lui-même en attribuant un sens à son action, à partir de ses caractéristiques concrètes (comme sa nature physique) pour mieux les nier.

Le paradoxe ici est grand. Le pour-soi désire devenir un être-en-soi, faire de sa subjectivité un objet. Le pour-soi est la conscience, mais l’instance de cette conscience fait de son être propre une question, une fissure irréconciliable entre l’en-soi et le pour-soi. Le rêve du pour-soi est d’être en-soi.

Grâce à la prise de conscience de ce qu’elle n’est pas, le pour-soi devient ce qu’elle est: un néant, entièrement libre dans le monde, une toile vierge sur laquelle tout est à créer. Il conclut que le pour-soi est l’être à travers lequel le néant arrive au monde, et, par conséquent, que le pour-soi est un manque, déchiré entre son unité et sa dualité.

La temporalisation du Pour-soi :

Le Pour-soi comme manque, et donc comme tâche, se révèle dans la temporalité. En effet, le pour-soi n’est pas identique à son passé ni son avenir. Il n’est déjà plus ce qu’il était, et il n’est pas encore ce qu’il sera : grâce au temps, l’homme ne coïncide jamais avec lui-même. Sartre décrit les extases temporelles (passé/présent/futur) :

– le passé correspond à la facticité d’une vie humaine qui ne peut pas choisir ce qui est déjà passé. Le passé est ce que j’ai à être, mais en même temps, je ne le suis pas car je l’ai dépassé. Le passé est toujours reprise et dépassement.

– le présent n’existe pas réellement car il est une fuite vers le futur. L’exemple de la cigarette est parlant : je veux fumer une cigarette, je suis projet, au futur, de l’allumer.

– Le futur, lui, ouvre des possibilités pour la liberté du pour-soi. Mais la liberté et la facticité forment une incohérence au sein du Pour-soi, génératrice d’instabilité. Sartre reprend la conception heideggérienne : l’homme est un “être des lointains”, il n’est pas, il se possibilise. C’est donc le futur qui constitue la temporalité majeure du Pour-Soi.

Autrui et le Pour-Soi :

Autrui apparaît à Sartre comme le médiateur entre moi et moi-même. Je suis comme autrui me voit. Le Pour-Soi renvoie de cette façon au Pour-Autrui. On ne constitue pas autrui, on le rencontre : je ne puis ne absorber autrui en moi, ni le constituer en pur objet car c’est lui qui me fige en en-soi. Autrui prouve que j’ai mon fondement hors de moi, il me confère un dehors, une nature : “Ma chute originelle, c’est l’existence d’autrui”. Ma défense, ma réaction sera de tenter de faire d’autrui un objet à son tour.

Le corps dans l’Etre et le Néant :


Sartre cherche à repenser la relation corps/esprit telle qu’elle a été développé depuis Descartes. Ainsi, il affirme que le corps n’est pas uni à la conscience, il est “tout entier psychique”. Le corps est par conséquent plus q’une simple composante du Pour-Soi, il est un Pour-soi à part entière, et non un En-Soi dans le Pour-Soi. Il n’y a pas identification entre le corps et la conscience, mais plutôt une relation existentielle entre le corps et la conscience : “la conscience existe son corps”.

domingo, 18 de octubre de 2015


 La mauvaise foi dans L’Etre et le Néant

Cette incohérence entre facticité et liberté se manifeste par la mauvaise foi. Le Pour-soi étant une tâche, il forme des projets. Parmi les différents types de projets, la mauvaise foi est importante pour saisir l’être humain. L’analyse de Sartre du projet de la mauvaise foi est fondée sur des exemples frappants : la gestuelle machiniste du garçon de café. En se comportant ainsi, le serveur s’identifie totalement avec son rôle de garçon de café, sous le mode des êtres en soi. En d’autres termes, le garçon de café rejette sa nature de Pour-soi libre pour glisser vers la facticité. Il cherche ainsi à se décharger de sa liberté, c’est à dire de l’obligation de décider pour lui-même. Cependant, la conscience est transparente à elle-même, elle ne peut ignorer cette ruse : la mauvaise foi est une auto-illusion. Le concept Sartre fournit ainsi une alternative aux théories psychanalytiques qui font de la conscience une émanation de l’inconscient. Sartre détaille d’ailleurs dans l’Etre et le Néant sa théorie de la psychanalyse existentielle.

 Le projet fondamental dans L’Etre et le Néant

Sartre décrit le projet fondamental du Pour-soi comme désir d’être. Ce désir est universel, et peut prendre l’une des trois formes suivantes :

– transformation directe du pour-soi dans un en-soi

– le pour-soi cherche à devenir sa propre fondation (devenir Dieu).

– le pour-soi vise un autre mode d’être, le pour-soi.

Aucun des objectifs décrits ne sont réalisables. Toutes les existences humaines sont dominées par un tel désir. En témoignent ses descriptions des projets amoureux, sadiques et masochistes. La nature métaphysique de l’homme est de devenir un en-soi-pour-soi, Dieu en quelque sorte.

 Le Désir dans l’Etre et le Néant

Le désir est désir non seulement d’avoir mais surtout d’être. Ainsi de l’amour : l’amant cherche à posséder l’être aimé et donc l’intégrer dans son être: c’est la satisfaction du désir. Mais il souhaite en même temps que l’aimé demeure au-delà de son être comme l’autre qu’il désire, c’est à dire qu’il souhaite rester dans l’état de désirer. Le désir est contradictoire car l’être du désir est donc incompatible avec sa satisfaction.

La question des autres

Le sujet n’est pas solipsiste, il est confronté à d’autres sujets : nous ne prenons conscience de nous-mêmes que lorsque nous sommes confrontés avec le regard d’autrui (l’expérience de la honte). Le regard de l’autre objective, nous fixe telle une photographie dans une fonction déterminée : autrui nous confère un dehors, une nature. Ainsi, le regard des autres nous prive de notre liberté pour nous faire tomber dans l’en-soi. Autrui est l’agent de ma chute ontologique.

 L’authenticité :

Si Sartre pointent les relations humaines comme impossibles, vouées dans l’échec, il reste qu’il assigne une tâche possible à l’homme : s’assumer pleinement comme pour-soi. L’authenticité consiste à choisir le monde, se choisir sans se réfugier dans le confort de l’être, sans succomber aux sirènes de la mauvaise foi.

L’homme est certes “une passion inutile“, mais sa tâche est de se rendre digne de sa condition. Cette leçon (mieux : cette intuition), qui est au fond celle de tout existentialisme sérieux, traverse l’oeuvre de Jean-Paul Sartre et trouvera son expression dans son théâtre, sa littérature et sa philosophie.

Les livres de notre partenaire

ETRE ET NEANT

Jean-Paul Sartre : L’Etre et le Néant


Dans cet essai d’ontologie phénoménologique, Sartre produit l’ontologie majeure du XXème siècle, la plus lue et commentée dans le monde à ce jour.

viernes, 16 de octubre de 2015


Sartre • L'Être et le néant, une autobiographie masquée ?


“Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces.” Sartre.

jueves, 15 de octubre de 2015

Théâtre
Bariona, ou le Fils du tonnerre (1940)
Les Mouches (1943)
Huis clos (1944)
La Putain respectueuse (1946)
Morts sans sépulture (1946)
Les Mains sales (1948)
Le Diable et le Bon Dieu (1951)
Kean (1954)
Nekrassov (1955)
Les Séquestrés d'Altona (1959)
Les Troyennes (adaptation d'Euripide, 1965)
L'Engrenage (1969)
Scénarios
Les jeux sont faits (1947)
L'Engrenage (1948)
Le Scénario Freud (1984)

Typhus (1943) (écrit durant l'occupation et édité en 2007 par Gallimard)

miércoles, 14 de octubre de 2015

Sartre — Sur le théâtre



"Celui qui n'a rien fait n'est personne."               

Jean-Paul Sartre

martes, 13 de octubre de 2015

Le Diable et le Bon Dieu (1951)

                                Pièce en trois actes et dix tableaux. Création à Paris, théâtre Antoine, le 7 juin 1951. Mise en scène Louis Jouvet, décors Félix Labisse, réalisés par Émile et Jean Bertin, costumes Francine Galliard-Risler, réalisés par la maison Schiaparelli. Avec Pierre Brasseur (Goetz), Jean Vilar (Heinrich), Marie-Olivier (Catherine), Maria Casarès (Hilda), Henri Nassiet (Nasty), R.-J. Chauffard (Karl), Maurice Dorléac (le banquier), Jean Toulout (Tetzel) et Anne-Marie Cazalis, Maria Meriko.      


                                Sartre, comme Simone de Beauvoir l'indique dans ses Mémoires, réunit une très abondante documentation historique sur l'Allemagne pour l'écriture de sa pièce. Mais l'idée première avait été inspirée à Sartre par le Rufian dichoso de Cervantès, que Jean-Louis Barrault lui avait raconté en 1943 alors que tous deux donnaient des cours à l'école de Charles Dullin. Commencée dès le début de l'année 1951, la pièce est achevée durant les répétitions ; celles-ci s'avèrent difficiles à cause de la tension avec Jouvet, qui opère des coupures dans un texte de quatre heures, des écarts de Pierre Brasseur et des inquiétudes de Simone Berriau.

                                Grand succès public, cette "machine de guerre contre Dieu" fait scandale notamment dans les milieux catholiques. On mesure la difficulté de la presse à comprendre Sartre au moins lors des premières présentations : "Blasphème dérisoire" pour Daniel-Rops, "Y a pas de bon Dieu" pour Thierry Maulnier, "défection au rendez-vous de l'histoire" pour Elsa Triolet, ou "athée providentiel" pour Mauriac. Le jeu appuyé et cabotin de Pierre Brasseur, en particulier dans la seconde partie, où Goetz se convertit au bien, a peut-être entretenu le contresens sur la pièce. Mais précisément Pierre Brasseur et plus tard, dans une interprétation à l'opposé de la sienne, François Périer sont les vecteurs de la dénonciation de l'effet théâtral (héroïsme, passion de l'absolu, postures). Ils stigmatisent le mythe du comédien "cabotin refoulé".


La pièce se situe dans la continuité de l'œuvre de Sartre et illustre des propos tenus dans son Saint Genet : "La loi de toute rhétorique, c'est qu'il faut mentir pour être vrai." Le théâtre de Jean Genet est là, contenu dans une phrase, mais c'est également l'un des messages du théâtre de Sartre.

L'intériorité du jeu de François Périer, dans la reprise au TNP en 1968, sa simplicité madrée et la sobriété de la mise en scène de Wilson font ressortir les qualités de l'œuvre, centrée davantage sur le thème de la morale que sur le sujet métaphysique de l'existence de Dieu. Michel Contat considère que la pièce a de nombreux points communs avec Saint Genet et en constitue le meilleur commentaire philosophique. Sartre livre aussi un dilemme d'ordre personnel : "J'ai voulu traiter du problème de l'homme sans Dieu [.] parce qu'il est difficile de concevoir l'homme de notre temps entre l'URSS et les États-Unis et dans ce qui devrait être le socialisme." En montant la pièce en 2000, Daniel Mesguich faisait remarquer : "L'an 2000 n'est pas le temps de Sartre, et voilà pourquoi nous pouvons mieux le lire. Toute intentionnalité, réelle ou présumée, de l'auteur a fondu à l'épreuve du temps, et ce qu'il reste, c'est l'écriture précise et flamboyante[.]. Je voudrais monter Le Diable et le Bon Dieu comme s'il avait été écrit par Cervantès ou un Shakespeare français dans les années cinquante en France." 

domingo, 11 de octubre de 2015

Critique littéraire
La République du Silence (1944)
Baudelaire (1947)
Qu'est-ce que la littérature ? (1948)
Saint Genet, comédien et martyr (1952)
L'Idiot de la famille (1971-1972) sur Flaubert
Un théâtre de situations (1973)
Critiques littéraires
Ouvrages de critique littéraire posthumes

Mallarmé, la lucidité et sa face d'ombre (1986)

sábado, 10 de octubre de 2015

Critique littéraire
Baudelaire (1947)
Résumé
De Baudelaire, Sartre affirme qu'il n'a eu que la vie qu'il méritait. Le carcan familial, la perpétuelle gêne financière et jusqu'à la maladie mélancolique qui l'a entraîné vers la mort, tout cela Baudelaire l'a voulu, cherché. Car « l'attitude originelle de Baudelaire est celle d'un homme penché ». Il accepte sans rébellion la morale qui le condamne (Sartre parle du procès des Fleurs du Mal) et recherche même cette condamnation. Car Baudelaire a besoin de juges pour institutionnaliser sa « singularité ». « C'est au sein du monde établi que Baudelaire affirme sa singularité… Le révolté a soin de maintenir intact les abus dont il souffre pour pouvoir se révolter contre eux ».


Polémique

Les interprétations auxquelles se livrent Sartre dans cet ouvrage sont très discutables. On pourrait résumer ainsi sa thèse : Baudelaire a raté sa vie, il n'a pas fait le choix d'user de sa liberté et de fonder ses propres valeurs. Le premier reproche qu'on pourrait adresser au Baudelaire de Sartre vise la légitimité du propos : de quel droit Sartre s'autorise-t-il à juger ainsi la vie de Baudelaire ? Le second reproche viserait la forme de l'ouvrage : Sartre parle de l'homme Baudelaire et non du poète. Les références aux poèmes sont toujours orientées par le parti pris global de l'essai, aucune place n'est vraiment faite à l'œuvre. À chaque page, Sartre répète que Baudelaire n'a pas eu le courage de renverser toutes les valeurs dont il pressent l'inanité. Nulle compassion de la part du philosophe, mais une intransigeance froide. Cela laisse penser que, pour Sartre, toute compassion du lecteur pour Baudelaire relèverait de la lâcheté et devrait susciter en lui la révolte qu'exige la liberté.

viernes, 9 de octubre de 2015

Essais
Situations I (1947)
Situations II (1948)
Situations III (1949)
Situations IV (1964)
Situations V (1964)
Situations VI (1964)
Situations VII (1965)
Situations VIII (1972)
Situations IX (1972)
Situations X (1976)
Essais politiques
Réflexions sur la question juive (1946)
Entretiens sur la politique avec David Rousset (1949)
L'Affaire Henri Martin (commentaire sur des textes de Hervé Bazin, Marc Beigbeder, Francis Jeanson, Michel Leiris, Vercors, Jacques Prévert, Jean-Marie Domenach, etc...) (1953)
Plaidoyer pour les intellectuels (1972)

On a raison de se révolter avec Pierre Victor et Philippe Gavi (1974)

jueves, 8 de octubre de 2015

Réflexions sur la question juive (1946)

                                À l'automne 1946 paraît Réflexions sur la question juive, dont le chapitre introductif a déjà été publié dans le n° 3 (décembre 1945) desTemps modernes sous le titre "Portrait de l'antisémite". Sartre souligne (p. 86) le silence dont est entouré le retour des déportés juifs rescapés des camps : "... les journaux consacrent des colonnes entières aux prisonniers de guerre, aux déportés. Va-t-on parler des Juifs ? Va-t-on saluer le retour des rescapés, va-t-on donner une pensée à ceux qui sont morts dans les chambres à gaz de Lublin ? Pas un mot. Pas une ligne dans les quotidiens [...]. Pendant quatre ans, la société française a vécu sans eux, il convient de ne pas trop signaler leur réapparition." Cet essai n'est cependant pas une réflexion sur le génocide en tant que tel. Son intérêt est bien plutôt dans le portrait qu'il donne de l'antisémite, celui qui fait le choix de la haine et de la médiocrité plutôt que de la raison, et dans la thèse, controversée, selon laquelle le Juif est une création de l'antisémite : "Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif ; voilà la vérité simple d'où il faut partir [...] c'est l'antisémite qui fait le Juif" (p. 83-84).

miércoles, 7 de octubre de 2015

L'existence juive
Fait juif et "question juive"
Une convergence majeure lie la pensée de Lévinas et celle de Blanchot : l'approche philosophique de l'être juif sous la forme de la "question juive" est inadéquate.
L'être juif n'est pas seulement le produit du regard de l'antisémite, il est d'abord un être historique, doté d'une signification métaphysique.
La critique vise avant tout les Réflexions sur la question juive de J.P. Sartre.

Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juive
Ecrit en octobre 1944, ce texte a été publié pour la première fois en 1946. Sartre y aborde la "situation" de l'existence juive de manière négative, comme construction par le regard de l'antisémite : « Loin que l'expérience engendre la notion de Juif, c'est celle-ci qui éclaire l'expérience au contraire ; si le Juif n'existait pas, l'antisémite l'inventerait. » (p. 14)
L'antisémitisme
Sartre analyse l'antisémitisme comme passion de haine et peur de soi. Cette peur est celle de la condition de l'homme et refus de sa propre liberté : « Il devient évident pour nous qu'aucun facteur externe ne peut introduire dans l'antisémite son antisémitisme. L'antisémitisme est un choix libre et total de soi-même, une attitude globale que l'on adopte non seulement vis-à-vis des Juifs, mais vis-à-vis des hommes en général, de l'histoire et de la société; c'est à la fois une passion et une conception du monde.» (pp. 18-19) « C'est un homme qui a peur. Non des Juifs, certes : de lui-même, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout sauf des Juifs. (…) L'antisémitisme, en un mot, c'est la peur devant la condition humaine. L'antisémite est l'homme qui veut être roc impitoyable, torrent furieux, foudre dévastatrice : tout sauf un homme. » (pp. 62-64)

Y a-t-il une collectivité historique juive?
« Une communauté historique concrète est d'abord nationale et religieuse; or, la communauté juive qui fut l'une et l'autre s'est vidée peu à peu de ces caractères concrets. Nous la nommerions volontiers une communauté historique abstraite. Sa dispersion implique la désagrégation des traditions communes; et nous avons marqué plus haut que ses vingt siècles de dispersion et d'impuissance politique lui interdisent d'avoir un passé historique. S'il est vrai, comme le dit Hegel, qu'une collectivité est historique dans la mesure où elle a la mémoire de son histoire, la collectivité juive est la moins historique de toutes les sociétés car elle ne peut garder mémoire que d'un long martyre, c'est-à-dire d'une longue passivité. » (pp. 80-81)
Situation
 « Pour nous l'homme se définit avant tout comme un être "en situation". Cela signifie qu'il forme un tout synthétique avec sa situation biologique, économique, culturelle, etc. On ne peut le distinguer d'elle car elle le forme et décide de ses possibilités, mais, inversement, c'est lui qui lui donne son sens en se choisissant dans et par elle. Etre en situation, selon nous, cela signifie se choisir en situation et les hommes diffèrent entre eux comme leurs situations font entre elles et aussi selon le choix qu'ils font de leur propre personne. Ce qu'il y a de commun entre eux tous ce n'est pas une nature, mais une condition, c'est-à-dire un ensemble de limites et de contraintes. (...) Et cette condition n'est au fond que la situation humaine fondamentale ou, si l'on préfère, l'ensemble des caractères abstraits communs à toutes les situations. » (p. 72)
L'être juif comme produit du regard de l'autre

« Qu'est-ce donc qui conserve à la communauté juive un semblant d'unité ? Pour répondre à cette question, il faut revenir à l'idée de situation. Ce n'est ni leur passé, ni leur religion, ni leur sol qui unissent les fils d'Israël. Mais ils ont un lien commun, s'ils méritent tous le nom de Juif, c'est qu'ils ont une situation commune de Juif, c'est-à-dire qu'ils vivent dans une communauté qui les tient pour Juifs. En un mot, le Juif est parfaitement assimilable par les nations modernes, mais il se définit comme celui que les nations ne veulent pas assimiler. (...) Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif. » (p. 81)

martes, 6 de octubre de 2015

Adaptations au cinéma
1947 : Les jeux sont faits, de Jean Delannoy
1952 : La P..... respectueuse, de Charles Brabant et Marcello Pagliero
1953 : Les Orgueilleux, d'Yves Allégret
1954 : Huis Clos, de Jacqueline Audry
1962 : Freud, passions secrètes (Freud, the Secret Passion), de John Huston (Sartre a toutefois exigé que son nom ne figure pas au générique du film)
1962 : Les Séquestrés d'Altona (I Sequestrati di Altona), de Vittorio De Sica
Chanson
Dans la rue des Blancs-Manteaux avec la musique de Joseph Kosma dont l'interprétation la plus célèbre est celle de Juliette Gréco




domingo, 4 de octubre de 2015

Synopsis
Une femme est en train de mourir, assassinée par son mari. Dans le même temps, le chef de l'insurrection contre une dictature est lui aussi assassiné par un traître. Ils arrivent devant l'au-delà représenté par une femme revêche qui leur confirme qu'ils sont bel et bien morts. Ils font connaissance dans l'au-delà et se voient proposer de revenir sur terre à condition de s'aimer sans réserves dans un délai de 24 heures. Ils ont cependant l'un et l'autre de mauvaises raisons d'accepter (elle pour sauver sa jeune sœur des manœuvres de son mari et lui sauver son mouvement politique insurrectionnel qu'il sait sur le point d'être découvert et détruit). Ils acceptent de revenir à la vie et celle-ci leur revient au moment même où ils l'avaient perdue.

Fiche technique
Titre : Les jeux sont faits
Réalisation : Jean Delannoy
Scénario : Jean Delannoy, Jacques-Laurent Bost et Jean-Paul Sartre, d'après son roman
Dialogues : Jean-Paul Sartre
Photographie : Christian Matras
Son : Pierre Calvet
Décors : Serge Piménoff
Musique : Georges Auric
Montage : Henri Taverna
Société de production : Les Films Gibé
Durée : 105 minutes

Date de sortie : 2 juillet 1947